Textes de Jacques

PRINTEMPS


Ciel bleu, mais vraiment bleu, au coin de la fenêtre
Un nuage, mouton blanc, en accuse l’éclat
Et le soleil nouveau n’a que faire du sabbat
Le guetteur au meneau surveille le thermomètre.

De douceur intimement la nature se pénètre
Les lourds manteaux s’envolent quand passe le frimas
Jolies filles et fleurons dévoilent leurs appas
C’est régal pour les yeux de voir beautés paraître.

Au jardin le fraisier aventure ses stolons
D’un regard, un brasier flambe au cœur des garçons
Oui ! le printemps est là qui darde ses bourgeons.

Demoiselles, c’est l’heure de quitter l’oreiller
La saison passe vite, il ne faut pas tarder
Comme dit le vieux Ronsard de connaître un frisson.

JL 30/03/2006


SONNET A2 comme AMITIE


Prologue : il s’agit d’un défi, composer un sonnet par lettre de l’alphabet en commençant chaque vers par cette lettre. Le thème est donné dans le titre, l’objectif est d’en faire au minimum un par mois. Voici le premier (bis).

Aujourd’hui je cherche mes amis
Aujourd’hui j’ai la chance d’en avoir quelques uns
Autant peut-être que les doigts dedans ma main
A les compter je n’ai guère maigri !

Ami, c’est celui qui sait écouter ; j’en ai un très gentil
Ami, c’est aussi celui qui sait donner, j’en ai plein
Ami, c’est celui qui garde des secrets… le gratin
Ami, c’est le soutien sûr, le meilleur des grigris.

Ainsi chacun s’interroge sur qui il peut compter
Au détour d’un ennui ou d’une contrariété
Alors, combien d’amis sortez-vous du chapeau ?

A l’heure du besoin, les amis se font rares
A ceux dans la mouise, les copains sont avares
Avec discrétion, l’ami tient l’escabeau.

Jacques Lelong (18/10/19)


A tous mes potes confinés


J’écris cette fantaisie
Car dans la chorale
Il n’y a pas de pote-en-tas
Ni de pote-laid
Encore moins de pote-ibulaire,
Rien que des Pô(e)tes gentils
Et bien souvent tout en chantant
Le pote rit
Car le Pô(s)te est rieur...

Mais je m’interroge :
Quand les plus jeunes et petits potes
Sortiront de nouveau, reprendront le travail,
Pour nous qui sommes des potes-agés,
(Encore dotés d’un certain pote-en-ciel)
Nul ne sait où les potes-iront
Ni quand les potes se reverront !

Agnès (27/04/20)


SONNET C comme CHANSON

Composer une chanson c’est peut-être facile
Chanter une chanson n’est pas si évident
Car tout le monde n’a pas le gosier conciliant
Comme un bel instrument tourterelle gracile.

Composer une chanson, comme la peinture à l’huile
C’est bien plus difficile noyé dans l’océan
Cahoté par les flots du monde extravagant
Carnaval de Rio au fond de ta pupille.

Chez le chanteur la voix est un outil précieux
C’est pourtant par l’esprit qu’il est pris au sérieux
Car s’il manque de cerveau, ce n’sera qu’un cabot.

Croches, pauses, soupirs… la musique exigeante
Chasse les fainéants d’une expression bêlante
Canards et hurlements n’ont pas ici leur lot.

Pistes d’analyse :
 - Dualité : chanson=compositeur et chanson= chanteur
 -Qualités requises pour l’un et l’autre

JL 15/10/2019

PIED DE NEZ

Passe encore de bâtir mais planter à son âge
Critique La Fontaine, parlant d’octogénaire
Planter reste pourtant une occupation sage
Qui fait bouger le corps, débouche les artères
Comme dans la poésie n’y prend-on pas son pied ?
Et si l’on plante douze pieds, cela fait une rangée
Mais pourquoi pas un alexandrin de tomates ?
Le jardinier pied-bot qui traîne un peu la patte,
Cela n’empêche pas qu’il mette un jour la main
Au fantasque dessein d’écrire quelque quatrain.
Se lancer à rimer, écrire quelques pieds
Difficile exercice où on peut boire la tasse
Au jeune rimailleur, grand bien lui fasse
Il faut laisser sa chance et boire à sa santé
Pourquoi pas à l’instant dans un beau verre à pied ?
Pas à pas, pied à pied peut-être il deviendra
Un poète accompli que l’on n’oubliera pas
Ou bien aux pieds d’argile,colosse éphémère
Un nez d’un pied de long trempera dans son verre.

JL 23/11/2007


OREILLES

Encore enfant, souvenir de l’occupation,
J’entendais souvent l’expression
« les murs ont des oreilles »
A l’âge où tout émerveille,
J’imaginais donc un mur tapissé
D’immenses oreilles
Destinées mystérieusement à écouter
Ce que l’on disait !
Le psychanalyste expliquerait sûrement
A partir de ce récit
Le surprenant événement
Qui m’advint une nuit…
Une vision m’apparut
Rêve ou réalité ?
Jamais je ne l’ai su
Car j’ai préféré très vite l’oublier.
Une oreille bien ourlée
Courait sur deux petites pattes, comme une araignée
Le long de la plinthe, sous la croisée
Pas encore effrayé, je portai les mains à ma tête
Et là, là à l’aveuglette
Je constatai avec horreur et terreur
Le passage du sécateur !
Mes oreilles manquaient,
Comment était-ce arrivé ?
Bien sûr, j’ai crié…. je n’ai rien entendu !
Mais ma mère est survenue
Que se passe-t-il mon chéri ?
Je lui montrais mes oreilles
Alors d’une douceur sans pareille
Elle caressa mes cheveux et l’endroit
Où l’absence d’organe aurait du l’étonner.
Intrigué, j’y portai la main…
Toujours rien !
Je lui demandai en sanglotant :
Ne remarques-tu rien maman ?
 - Mais non mon enfant.
Depuis ce jour là, j’ai ce qu’on appelle un grain !

JL 01/10/2011

SONNET D comme DOUTE

Douter c’est refuser le borné, ouvrir le robinet
Douter c’est acérer son esprit, l’ouvrir à l’infini
Douter c’est donner à l’espoir une place dans la nuit
Douter laisse à l’amour l’espace d’humanité.

Devant tant de bêtises de tous temps affirmées
Du plus petit crétin au plus grand des Rabbis
Des fleurs aux étamines par le vent dégourdies
Dans le temps de la vie il leur faut s’éveiller.

Divin étonnement que le ciel étoilé
Dans l’espace et le temps rien n’est vraiment fixé
Demain aura sans doute une autre vérité.

D’ici là sans faillir buvons avec ferveur
Dans la coupe du doute offerte à notre cœur
Dieu répondra peut-être à l’orant assoiffé.

Pistes de réflexion :
4 éléments + esprit (amour)
Borné=erreur><infini=vérité
Ouverture= fleur (étamines+ vent)
Divin<>humain (ciel étoilé, bêtise)

JL 22/10/2019


LA CHAUSSURE EN BALLADE

La chaussure est pour le piéton
un indispensable appareil
pour se protéger des tessons.
Ce n’est pas toujours une merveille
pour emmitoufler nos orteils,
mais que chacun soit avisé
pour que plus jamais nos oreilles
n’entendent les bottes à bouts ferrés.

Oui, le souvenir des Teutons
dans notre inconscient éveille
une drôle, drôle de chanson
qui trouble notre sommeil.
Aller cueillir des groseilles
est un passe temps plus avisé
pour que plus jamais nos oreilles
n’entendent les bottes à bouts ferrés.

Et le soir dans nos doux chaussons
quand s’évanouit le soleil,
se reposent nos durillons
dans une tiédeur sans pareille.
Et près du fauteuil, la bouteille
prête si besoin se faisait
pour que plus jamais nos oreilles
n’entendent les bottes à bouts ferrés.

Princes, restez donc tous en veille
et de tous vos pouvoirs usez
pour que plus jamais nos oreilles
n’entendent les bottes à bouts ferrés.

JL 28/03/2006


BAISER COULEUR

Rouge baiser, bouche tentante : ardeur
Orange, fruit juteux : baiser mouillé
Jaune, rire contraint : bouche crispée
Rose, bébé sur le tétin : baiser cajoleur

Baisers divers, baisers en vert, froideur, chaleur
Baiser bleu, mordant, poignant, passion partagée
Violet aubergine, baiser PV, c’est la corvée
Mais l’indigo, profond, puissant, finit en pleurs.

Pomme cuite, caramel mou, mon baiser d’enfant
Rondelle d’oignon où la langue muse, baiser d’amant
Prisme voyeur, baiser couleur est une surprise

Bonjour, bonsoir, baiser devoir
C’est l’émotion, le grand départ, baiser mouchoir
Baiser du cœur, plus qu’une bise !

JL 07/05/2018

SONNET E comme EURÊKA

Eurêka ! Que faut-il chercher pour te crier ?
Epistémologie, science de la science, es-tu
Encore une planche de salut
Et des savants chenus doivent-ils te consacrer ?

Ennuyeux discours que ce triste couplet
Eurêka a pour moi un autre dévolu
En rires et chansons il doit être échu
Et réserver son cri au regard amusé.

Excusez mon propos s’il préfère l’artiste
Et rend grâce aux sujets plutôt surréalistes
Eclat de rire énorme dans gorge de compère.

En riant sans vergogne à glott’ écarlate
Et en pétant de joie en dilatant sa rate
Eurêka rend hommage aux trouvailles primaires.

Pistes d’étude :
eurêka assimilé à Archimède = science
proposition d’un domaine moins sérieux
sortir du cartésien
savoir rire de tout

JL 25/10/2019


SONNET F comme FEE

Fée gentille ou fée méchante, très jolie ou vieille sorcière
Fée Clochette ou fée Carabosse ton look est universel
Fruit anthropomorphe du besoin surnaturel
Figure liée aux divinités familières.

Force puissante associée aux mystères
Fée, du destin tu tisses la dentelle
Farouche protectrice ou frégate mortelle
Furtive te voilà marraine ou belle-mère.

Fortune pour Cendrillon que de loin tu protèges
Funèbre est ton approche auprès de Blanche Neige
Feuille d’automne qui vole aux humeurs du destin.

Flair de la création, fée, tu aides le chercheur
Fenêtre sur le nouveau tu offres aux précurseurs
Fruit du génie latent, dimension du divin.

Pistes de construction :
- le personnage : insaisissable dans l’imagerie populaire
- le pouvoir : grâce à sa baguette, capable de nuire ou protéger
- la création imaginaire : domaine du conte pour enfants
- la féérie : l’autre dimension

JL 2/11/2019

LE TEMPS VA

Depuis la naissance quoi que l’on fasse,
Le temps passe
Temps gagné, temps perdu
Temps perdu à gagner
Sa vie …ou sa mort.
Combien de temps encore
Reste-t-il à peiner ou aimer,
Croquer le fruit défendu
Avant de retourner au néant
Poussière du temps ?

Tu pousses comme un arbre
Dans la nature
Seul l’apollon de marbre
Au musée dure
Pressé ou pas pressé
Tu vis ton temps
Bonheurs et soucis
Meublent ta vie
L’important c’est
De rire, rire longtemps !

JL 21/10/2006


SONNET G comme Guérison

Guérisseur, médecin, chaman ou radoteur
Géronte balbutiant d’infâmes inepties
Graine de Professeur en défaut d’empathie
Génial thaumaturge, tout ce monde t’est douleur

Gisant sur ton grabat tu cherches le sauveur
Grâce auquel ton supplice trouvera l’amnistie
Gémir ne sert à rien qu’à éloigner d’un cri
Goules et charognards qui enserrent tes peurs

Guérir est donc l’unique objet de ton souci
Granules, pilules, potions envahissent ton logis
Goguenards tes voisins te regardent maigrir.

Goûter un seul instant un repos sans douleur
Guetter les vrais moments où encore plein de sueur
Géant face au malheur tu penses t’en sortir.

JL 22/01/2020

Nuit d’été

Le jour tombe avec la nuit,
Bientôt la lune joue au trapèze
Avec les constellations
La mousse et l’herbe nous font un lit
Et les étoiles des cabochons.
La chambre est vaste, nous sommes à l’aise
Main dans la main, nous regardons
Astres et planètes dont quelques noms
Nous reviennent à la mémoire.
La terre respire sous notre dos
L’air vibre dans l’univers tout noir
Ma mie se serre contre moi
Car elle entend un peu plus haut
Le petit cri des chauves-souris
Qui à cette heure sont de sortie.
Entre le rêve et la conscience,
Je cherche tout ce que j’ai de science
De l’amour et des plaisirs
Pour la combler de mes baisers
Et au ciel la faire voyager.
La lune est là qui nous regarde
De son doux visage d’argent
Cache tes yeux et prend bien garde
Car son pouvoir est si puissant
Qu’il vous emporte au firmament
En souriant, en souriant…

JL 15/05/2015


SONNET H comme Humain

Homme, homo sapiens si loin dans notre nuit
Hier, ou c’est tout comme, d’un humus tu es né
Hélas, tu t’es trouvé face à ta destinée
Hagard et démuni chassé du paradis.

Humanité naissante qui cherche une bougie
Habile à inventer tu vas vite créer
Hors des simples alentours un divin atelier
Héritage possible d’un pouvoir infini.

Hydres à multiples têtes, ces Socratiques poulets
Hardis et haletants s’en vont le poing levé
Haineux et pleins de grogne exhiber leur atome.

Halte là ! excités, gardez la tolérance
Hautains chefs d’états évitez l’arrogance
Heureux de ses bons choix, accompli sera l’homme.

JL 28/01/2020

SIGISBEE

Villanelle

Pour ma belle demoiselle
Qui a mon cœur embrasé
Amour et haine m’écartèlent.

Ne souffre jamais près d’elle
Aucun autre sigisbée
Pour ma belle demoiselle.

Impossible est mon sommeil
Si je la sais loin de moi
Amour et haine m’écartèlent.

Combien est mon sort cruel
Si jamais sûre est ma foi
Pour ma belle demoiselle.

Et de ne plus voir ma belle
Ne résout point mon tourment
Amour et haine m’écartèlent.

Fréquenter d’autres chapelles
Est mon seul apaisement
Pour ma belle demoiselle
Amour et haine m’écartèlent.

JL 27/02/2008


Origine

Famille, grand arbre triomphant
Dont l’origine est le gorille
Et toi l’extrême ramille
Descendant d’un ancêtre gisant.

Les gènes de tes ascendants
Tu les retrouves dans ta famille
Les ressemblances garçons et filles
Surgissent des clichés jaunissants

De quelle sélection es-tu le millésime
Qu’est-ce qui fait ton alchimie intime
Qui es-tu, unique éphémère ?

A qui dois-tu l’octroi
De tes cheveux, tes yeux, ton caractère
Qui es-tu et quel est ton vrai moi ?

JL 18/05/2006
Un sonnet sans défaut vaut seul un long poème(Boileau)


SONNET S comme Sourire

Sourire c’est dire bonjour comme à bras ouvert
Sourire, c’est dire à l’autre que le voir est plaisir
Sans remède magique, c’est quelquefois guérir,
Soulager le quidam par le hasard offert.

Souriez nous dit-on pour la photo scolaire
Souvenir enfoui qu’on aime ressortir
Sans jamais retrouver lequel est Casimir
S’exclaffer néanmoins devant ce reliquaire.

Sourire n’est pas vain, c’est comme on apprivoise
Saint Ex le disait bien, c’est un lien d’amour,
Solide engagement gravé sur de l’ardoise.

Souviens toi du sourire de ta chère maman
Quand sur son tendre sein tu reposais enfant
Si tu cherches à savoir un jour ce qu’est l’amour.

JL 19/08/2020


lettre H comme "humain" pour mes fans

Homme, homo sapiens si loin dans notre nuit
Hier, ou c’est tout comme, d’un humus tu es né
Hélas, tu t’es trouvé face à ta destinée
Hagard et démuni chassé du paradis.
Humanité naissante qui cherche une bougie
Habile à inventer tu vas vite créer
Hors des simples alentours un divin atelier
Héritage possible d’un pouvoir infini.
Hydres à multiples têtes, ces Socratiques poulets
Hardis et haletants s’en vont le poing levé
Haineux et pleins de grogne exhiber leur atome.
Halte là ! excités, gardez la tolérance
Hautains chefs d’états évitez l’arrogance
Heureux de ses bons choix, accompli sera l’homme.

suite avec "I" comme imbécile

Imbécile, qui l’est, souvent l’est pleinement
Ignorant son état, il étale sa science
Imbu de sa personne, empli de diligence
Il emploie tout son temps à faire le joli paon.
Il n’a ce fier crétin aucun expédient
Incurable benêt, il traîne son indigence
Inconscient du problème gagné depuis naissance
Il n’a d’autre remède que la fuite en avant
Impotent du cerveau aux neurones fragiles,
Il ne peut, l’imbécile, que briguer le facile
Ivre de ses discours, tribun extraverti.
Illusion d’un recours contre ce vrai narcisse
Intense est le désir d’éviter le supplice
Ici ou là un jour, d’être assis prés de lui.


SONNET J comme Jouir

Jouir, jouir, jouir de rien, jouir de tout
Jamais programme ne fut plus enthousiasmant
Jamais tu ne trouv’ras plus épanouissant
Juste un petit bémol, peut-on jouir partout ?

Jardins de mille délices vous offrez vos atours
Jolies tonnelles fleuries voici vos souples bancs
Juvéniles ardeurs vous y trouverez dans
Jalouses profondeurs les parfums de l’amour.

Javelots ou fléchettes, Eros en pique cœurs
Jusqu’au point du jour, dépensez vos ardeurs
Jeunesse en corps à corps profitez du moment.

Jésuites en mal d’amour quittez vos airs tartuffes
Jetez donc aux orties vos faces de rebuffes
Jaloux de nos plaisirs crevez dans les tourments.

JL 30/01/2020

SONNET J2 comme Jeunesse

Jeune, tu désires l’être toujours plus longtemps
Je ne saurais blâmer ce penchant naturel
Je souscris à ce choix qu’Epicure offre aux mortels
Jouir de la vie, en profiter pleinement.

Jouir, peut-on jouir quand s’en va le bon temps ?
Jeune beauté profite, dès aujourd’hui, de tout le casuel
Jusqu’à n’en plus pouvoir, du plaisir bats la s’melle
Jamais le vrai plaisir deux fois ne passe au van.

Jeu cruel que de vivre en niant la pendule
Jongler avec le temps, lifter la peau du cul
Joli cœur pré-gâteux tu seras au final.

Juge du temps qui passe ton corps part à la casse
Jour après jour les rides qui marquent ta carcasse
Justement signeront le temps qui t’est fatal.

JL 05/03/2020


SONNET M comme Merveilleux

Magique ? Non ! merveilleuse, la vie est une fleur
Marguerite, pétunia, pétales ou calice
Mystère de la nature, bonheur ou bien supplice
Matin de rosée blanche et soirée de douceur.

Maussades ou rieurs, nous sommes des accroche-cœurs
Modestes violettes dans tourbillons d’hélices
Minables pissenlits aux racines d’hospices
Magnifiques dahlias en cactus racoleurs.

Mesure ton pouvoir toi qui connais les âmes
Mirage est ton miroir si tu es une femme
Méfie-toi de la mode, elle détruit tes atours.

Mais si tu es un mâle, évite le pompeux
Méprise le microbe et choisit le milieu
Mire toi dans la rose en simple troubadour.

SONNET N comme Néant

Néant, là, plus rien ne va exciter aucun sens
Ni la plus proche étoile, ni vaste nébuleuse
Ni le parfum subtil, ni la sueur de la gueuse
N’abordez ce domaine qu’à l’aube de l’absence.

Nul ne sait d’où il vient malgré toute la science
Nature est ainsi faite qu’elle produit en joueuse
Naïfs sont ceux qui croient connaître la brodeuse
Navigant dans l’espace infini du silence.

Nécropole maternelle d’un univers fuyant
Noire image d’un destin dont nul n’est l’artisan
Néant, existes-tu, et quelles sont tes vertus ?

Noyau d’un Esprit pur qui a forgé nos âmes
Niche de tous les perdus consumés par les flammes
Néant, le diras-tu, as-tu le pied fourchu ?


SONNET O comme Opus

Ouvroir de littérature potentielle
Oulipo impose des contraintes
Offrant à l’écriture une nouvelle étreinte
Où les mots s’utilisent en jeu conventionnel.

Œuvre de l’artisan, chef d’œuvre rituel
Ouvrage du compagnon qui signe son empreinte
Ou Grand-œuvre alchimique dans une quête sainte
Où l’or sorti du plomb touche au spirituel.

Offrir aux oreilles ou aux yeux
Occasion d’une extase en créant d’harmonieux
Opus numérotés, voilà le magistral.

Oser chercher toujours et plus loin le nouveau
Oublier la censure exciter ton cerveau
Où en es-tu lecteur dans ta quête du Graal ?

SONNET P comme Pygmalion

Pygmalion, autre créateur de la femme
Prit pour Eve, Galatée qu’Aphrodite anima
Plus tu crois en ton pouvoir, plus tu en auras
Police cependant la chaleur de ta flamme.

Pas pour nous d’échalas qu’on pèse au milligramme
Pas de mannequin osseux qu’on voit au cinéma
Plutôt la femme pulpeuse gauloise Falbala
Près d’Agecanonix que le village acclame.

Plus la femme est jolie plus l’homme a de la chance
Plus elle flattera sa langue et sa panse
Plus le couple saura témoigner son bonheur.

Pas d’exception non plus pour celle ou celui
Peu enclin à choisir l’autre sexe en chéri
Puissent-ils trouver le fruit du moissonneur.


SONNET Q comme Question

Qu’est-ce que c’est ? demande l’enfant à sa mère,
Question très fréquente s’il aime la découverte.
Quel est ce vieux monsieur avec une veste verte ?
Question embarrassante, s’il s’agit du grand-père.

Quoi donc vais-je répondre au dirlo tortionnaire ?
Que ce qu’il me demande sera en pure perte
Que ce n’est pas à moi mais à une tête experte
Qu’il se doit demander si le doute est lunaire

Qui peut dire connaître toute la vérité
Que de questions en somme pour chacun et pour tous
Qui restent sans réponse et tombent dans l’oubli ?

Quelle est donc la question de notre humanité
Quel est son avenir, est-ce la divinité
Qui me dira alors pourquoi Eve a péché ???

SONNET R comme Révolution

Révolution, ça veut souvent dire violence
Royale tête décapitée, guerre civile
Révision d’une constitution fossile
Réponse à une trop longue dépendance.

Rien n’est pire que ce passage à l’outrance
Recherchons plutôt une solution tranquille
Rêvons d’une évolution habile
Rejetons la vengeance pour la clairvoyance.

Racisme, exclusions sont les fruits de ce choix extrême
Refusons de casser pour résoudre un problème
Risquons la tolérance, gardons l’indignation.

Rêver de résilience, de pardon, de vertu
Ridicule de vouloir déboulonner des statues
Répondre à la violence par la persuasion.